ISCHIA / La mule du jeune marié

21 mars 2025

Temps de lecture : 3 minutes

Histoire à lire

Andrea Panza  66 ans

C’est le jour de mon mariage. Avec Diana, mon épouse, nous décidons de célébrer notre union à Sant’Angelo, un village de pêcheurs qui est devenu un haut lieu du tourisme à Ischia. À l’époque, la mule est un moyen de transport privilégié. Il n’y avait pas autant de voitures et de routes. Pour les habitants, les mules étaient aussi un très bon investissement. Elles transportaient tout: les humains, les marchandises et les bagages des touristes.

Je décide de me rendre à l’église en mule. Je monte dessus avec mon beau costume. Les invités m’attendent sur le parvis. Ils applaudissent à tout rompre. Ils jettent du riz. Ils m’acclament. Et je passe sans m’arrêter devant leurs visages ébahis. La mule continue son chemin. Elle est têtue, comme une mule et refuse de me laisser descendre. Elle ralentit seulement à l’approche d’un hôtel qui se trouve cinq cent mètres plus loin. Elle s’arrête sur le seuil. C’est là qu’elle a l’habitude de décharger les bagages des touristes. J’ai du rejoindre l’église à pieds pour me marier.

Il mulo dello sposo
Andrea Panza 66 anni

Il giorno del mio matrimonio, con la mia moglie Diana abbiamo deciso di sposarsi a Sant’Angelo, un borgo di pescatori e oggi uno dei più famosi borghi turistici di Ischia. Il mezzo di locomozione più importante dell’epoca in quella zona era il mulo perché non esistevano ancore tutte queste macchine e tutte queste strade Per la gente era un bel investimento, perché col mulo si poteva fare tanti lavori: trasportare le persone, i merci e i bagagli dei turisti.

Quindi io prendo il mulo tutto ben vestitito per andare nella chiesa che sta in alto al borgo. Gli ospiti mi aspettavano sulla piazzetta davanti alla chiesa. Mi applaudivano, buttavano riso in vigore ecc…Pero passo davanti a loro senza fermarmi. Il mulo continua la sua strada. È testardo, come un mulo, e si rifiuta di farmi scendere. Va più piano quando se avvicina a un albergo 500 metri dopo la chiesa. Arriva alla’ porta del albergo. È qui che di solito scarica i bagagli dei turisti. Alla fine mi lascia scendere. Ho dovuto tornare indietro e a piedi per sposarmi.

Le projet

Les habitants et habitantes du pourtour méditerranéen sont au cœur de l’action de l’association Histoires Vraies de Méditerranée (HVM), depuis sa création en 2015. Le sujet n’est pas la mer, ce sont les hommes sur les rochers qu’il faut entendre, écrit François Beaune en introduction de La lune dans le puits, son premier recueil d’histoires vraies publié aux éditions Verticales en 2013, révisé pour la version Folio en 2017. Qu’en est-il de celles et ceux qui vivent entourés par la mer, sur les îles de Méditerranée ?

Au cœur de la Méditerranée, les populations insulaires continuent, comme par le passé, de jouer un rôle central dans la connaissance et la compréhension de cet espace connecté : Leur vie extérieure, le rôle qu’elles jouent sur le devant de la scène de l’histoire, est d’une ampleur que l’on attendrait pas de mondes au fond si misérables. La grande histoire, en effet, aboutit souvent aux îles, écrit Fernand Braudel dans La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II [1949].

Dans la lignée des projets portés par l’ONG Initiative pour les petites îles de Méditerranée (PIM) adossée au Conservatoire du littoral, et en partenariat avec le réseau Petites îles de Méditerranée. Histoire et patrimoine de l’Eole française de Rome, l’association HVM se propose de collecter puis de restituer sous diverses formes les histoires vraies des habitants des petites îles de Méditerranée occidentale, acteurs de cette grande Histoire évoquée par Fernand Braudel.

Entre coupure et ouverture, les îles ont nourri bien des imaginaires ; leurs populations ont aussi modelé des paysages, produit des cultures et élaboré des styles de vie qui composent autant de patrimoines singuliers d’une immense richesse humaine et naturelle, souligne Brigitte Marin dans l’introduction de l’ouvrage Les petites îles de Méditerranée occidentale [2021]. Il s’agit – par la collecte, la reconstitution et la restitution d’histoires vraies – d’interroger ces imaginaires, ces récits et ces mémoires afin de faire connaître et de préserver ces patrimoines singuliers.

En partenariat avec les différents programmes pluridisciplinaires conduits par l’Ecole française de Rome ainsi que l’ONG PIM et le Conservatoire du littoral de l’Antiquité à nos jours, le collectif de l’association Histoires Vraies de Méditerranée complètera ce travail de recherche et de documentation en explorant les figures de l’insularité, au travers de la parole et des histoires des gens ordinaires.