ISCHIA / La reine Isabelle

21 mars 2025

Temps de lecture : 4 minutes

Histoire à lire

Luca, Lacco Ameno, 56 ans

C’est une histoire qui m’est arrivée à Lacco Ameno dans les années 1990. Deux couples de touristes espagnols arrivent en voilier sur l’île, ils mouillent au large de Lacco Ameno, ils débarque sur la plage et ils longent l’hôtel de la Reine Isabelle avant d’atterrir dans mon bar pour un apéritif. Je les sers. Ils me demandent pourquoi l’hôtel porte le nom de la reine Isabelle. Je leur raconte alors ce qui se dit ici:

“L’hôtel a repris le nom des thermes où la reine Isabelle d’Espagne a fait une cure. La reine ne pouvait pas avoir d’enfant. Les eaux thermales sont réputées pour traiter l’infertilité. La reine tombe enceinte. Mais ici il se dit que le père ce n’est pas le roi d’Espagne mais le masseur des thermes de Lacco Ameno qui lui a donné le bain de boue. L’héritier du trône d’Espagne ressemblait vraiment au masseur en question”

Les touristes s’esclaffent, payent leur note et s’en vont. Une semaine plus tard, je reçois un appel au bar. C’est la garde royale espagnole. Les touristes sont en fait des journalistes et ils ont publié mon histoire de la reine Isabelle dans la presse à scandale. La garde royale veut en savoir plus et me conseille de me trouver vite un avocat car ils ont des questions gênantes à me poser. Je m’inquiète un peu, parce qu’il s’agit tout de même de la police du roi d’Espagne. Puis plus rien. Cette histoire a éclaté comme une bulle de savon. Tout s’est bien terminé. À Ischia tous les touristes se mélangent. Qu’ils soient roi d’Angleterre ou éboueur. C’est une île à histoires, mais désormais je fais attention à qui je les raconte.

La regina Isabella
Luca, Lacco Ameno, 56 anni

Questa è una storia che mi è capitata a Lacco Ameno negli anni Novanta.
Due coppie di turisti spagnoli arrivano sull’isola con una barca a vela. La mettano qua in rada e arrivano per la spiaggia passano vicino al’albergo della Regina Isabella prima de venire da me al bar per un drink. Mi quiedono il perché dil nome “Regina Isabella” E gli racontato la storia che si sa in paise:

“La regina Isabella è venuta qua in albergo, a farsi le cure termali perché la regina non riusciva a rimanere incinta. Qui le acque curative sono famose per l’apparato genitale femminile. La regina rimase incinta. Però in paese si dice che l’ha messo incinta è quello che gli ha messo il fango addosso. Che il padre non è il re di Spagna però il fangino perche l’erede al trono assomigliava davvero a questo massaggiatore.”

E i turisti ridono, ridono, ridono. Pagano e vanno via. Dopo una settimana squilla il telefono del bar. Mi chiama la Guardia reale spagnola. Perché questi turisti erano giornalisti di un giornale e avevano messo la storia che ho raccontato su un giornale scandalistico spagnolo. La guardia reale si era allarmata e loro volevano vederci chiaro. Mi dicono che avrei dovuto procurarmi un avvocato perché venivano loro a farmi delle domande scomode per questa storia che io avevo raccontato a questi giornalisti. Sono un po preoccupato per questa chiamata la Guardia nazionale spagnola. Che cosa andava a finire? E poi non è successo più niente. Una bolle di sapone. È andata bene così. Ischia è un isola turisticamente ibrida. Qui si mescolano un sacco di gente, dal re d’Inghilterra al netturbino. Ci sono molte storie, molte. Ma adesso sono attento a chi le racconto.

Le projet

Les habitants et habitantes du pourtour méditerranéen sont au cœur de l’action de l’association Histoires Vraies de Méditerranée (HVM), depuis sa création en 2015. Le sujet n’est pas la mer, ce sont les hommes sur les rochers qu’il faut entendre, écrit François Beaune en introduction de La lune dans le puits, son premier recueil d’histoires vraies publié aux éditions Verticales en 2013, révisé pour la version Folio en 2017. Qu’en est-il de celles et ceux qui vivent entourés par la mer, sur les îles de Méditerranée ?

Au cœur de la Méditerranée, les populations insulaires continuent, comme par le passé, de jouer un rôle central dans la connaissance et la compréhension de cet espace connecté : Leur vie extérieure, le rôle qu’elles jouent sur le devant de la scène de l’histoire, est d’une ampleur que l’on attendrait pas de mondes au fond si misérables. La grande histoire, en effet, aboutit souvent aux îles, écrit Fernand Braudel dans La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II [1949].

Dans la lignée des projets portés par l’ONG Initiative pour les petites îles de Méditerranée (PIM) adossée au Conservatoire du littoral, et en partenariat avec le réseau Petites îles de Méditerranée. Histoire et patrimoine de l’Eole française de Rome, l’association HVM se propose de collecter puis de restituer sous diverses formes les histoires vraies des habitants des petites îles de Méditerranée occidentale, acteurs de cette grande Histoire évoquée par Fernand Braudel.

Entre coupure et ouverture, les îles ont nourri bien des imaginaires ; leurs populations ont aussi modelé des paysages, produit des cultures et élaboré des styles de vie qui composent autant de patrimoines singuliers d’une immense richesse humaine et naturelle, souligne Brigitte Marin dans l’introduction de l’ouvrage Les petites îles de Méditerranée occidentale [2021]. Il s’agit – par la collecte, la reconstitution et la restitution d’histoires vraies – d’interroger ces imaginaires, ces récits et ces mémoires afin de faire connaître et de préserver ces patrimoines singuliers.

En partenariat avec les différents programmes pluridisciplinaires conduits par l’Ecole française de Rome ainsi que l’ONG PIM et le Conservatoire du littoral de l’Antiquité à nos jours, le collectif de l’association Histoires Vraies de Méditerranée complètera ce travail de recherche et de documentation en explorant les figures de l’insularité, au travers de la parole et des histoires des gens ordinaires.