Histoire à lire
Andrea, Ponza, 66 ans

Helmut Berger
Ma tante Yolanda ne s’est jamais mariée. Elle n’a jamais cuisiné. Elle savait à peine cuire un oeuf. Mais elle savait boire et elle était très sociable et rieuse. Elle avait en permanence un sourire accroché aux lèvres. On la surnommait “Coca-cola” parce qu’elle était pétillante comme une boisson gazeuse et qu’elle allait par monts et par vaux. Elle était de très bonne compagnie et elle se débrouillait toujours pour rencontrer les personnes célèbres qui séjournaient à Ischia. Le cinéaste Luchino Visconti est ainsi devenu l’ami de la famille. Il avait ici sa résidence d’été s’est entiché d’elle et l’invitait souvent à sa table. Cela lui faisait une raison de plus à Yolanda de ne pas cuisiner. Dans la villa Colombaia que Visconti a rénové, c’était un défilé permanent de stars.
Un jour, j’ai 18 ans, je décide d’aller pêcher au pied de la villa de Visconti. J’attrape plein poulpes. Mais je commence à avoir froid. Je m’installe sur un rocher. Je cherche à me sécher pour me revigorer mails rocher est à l’ombre. Alors je vais au soleil, sur les escaliers juste en contrebas de la villa. Je reste un bon moment étendu là. Au coucher de soleil je vois une dizaine de femmes magnifiques descendre les marches. Elles sont en tenue de bain et elle portent des bouteilles de champagne à la main. C’est une apparition divine. Derrière elles, je reconnais Helmut Berger, l’acteur fétiche et l’amant de Visconti. Il est d’une beauté incroyable. Je vois de loin qu’il demande à une de ces femmes de m’inviter à les rejoindre. J’ai l’impression d’être dans un film. Ma tante Yolanda arrive alors de nulle part. Elle se plante devant Helmut en le houspillant: “C’est mon neveu Andrea, tu n’y touches pas.” Elle a rompu le charme et a signé la fin du film.
L’amico di famiglia
Andrea, Ponza, 66 anni
Mia zia Yolanda non si è mai sposata, Non ha mai cucinato in vita sua. Sapeva fare a malapena due uova fritte Pero, sapeva bere, era una grande intrattenitore. Rideva sempre. Con il sorriso sulle labbra, sempre. Il suo soprano era Coca-Cola perché era era frizzante come una bibita gassata e stava un po dappertutto. Era una grande donna di compagnia. E poi non so come facess, riusciva sempre a conoscere tutti i grandi personaggi famosi che venivano a Ischia. Il regista Luchino Visconti era diventato l’amico di famiglia. Aveva qui la sua residenza estiva rimase colpito da lei, invitandola spesso per il pranzo o la cena. Quindi per Yolanda era un motivo in più per non cucinare. Nella Villa Colombaia che Visconti ristrutturò, era una sfilata permanente di star.
Un giorno, avevo 18 anni, vado a pescare dove c’è la villa Visconti sotto quegli scogli . Prendo molti polipi però prendo il freddo. Mi fermo sullo scoglio, cercando di asciugarmi perché non c’ho niente con me. Allora vado proprio sotto la villa di Visconti, dove c’è la discesa. Rimasto lì sdraiato per un bel po’. Al tramonto vedo scendere una decina di donne bellissime vestite in costume da bagno con bottiglie di champagne a mano. È un’apparizione divina. Dietro scende Helmut Berger, l’attore preferito ma sopratutto l’amante di Visconti. È un bellissimo ragazzo. Una bellezza incredibile. Mi sembra di essere in un film. Poi, dal nulla, si affaccia mia zia Iolanda e dice “Helmut è mio nipote Andrea, quindi lascialo” Ha rotto l’incantesimo. Il film è finito lì.
Le projet
Les habitants et habitantes du pourtour méditerranéen sont au cœur de l’action de l’association Histoires Vraies de Méditerranée (HVM), depuis sa création en 2015. Le sujet n’est pas la mer, ce sont les hommes sur les rochers qu’il faut entendre, écrit François Beaune en introduction de La lune dans le puits, son premier recueil d’histoires vraies publié aux éditions Verticales en 2013, révisé pour la version Folio en 2017. Qu’en est-il de celles et ceux qui vivent entourés par la mer, sur les îles de Méditerranée ?
Au cœur de la Méditerranée, les populations insulaires continuent, comme par le passé, de jouer un rôle central dans la connaissance et la compréhension de cet espace connecté : Leur vie extérieure, le rôle qu’elles jouent sur le devant de la scène de l’histoire, est d’une ampleur que l’on attendrait pas de mondes au fond si misérables. La grande histoire, en effet, aboutit souvent aux îles, écrit Fernand Braudel dans La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II [1949].
Dans la lignée des projets portés par l’ONG Initiative pour les petites îles de Méditerranée (PIM) adossée au Conservatoire du littoral, et en partenariat avec le réseau Petites îles de Méditerranée. Histoire et patrimoine de l’Eole française de Rome, l’association HVM se propose de collecter puis de restituer sous diverses formes les histoires vraies des habitants des petites îles de Méditerranée occidentale, acteurs de cette grande Histoire évoquée par Fernand Braudel.
Entre coupure et ouverture, les îles ont nourri bien des imaginaires ; leurs populations ont aussi modelé des paysages, produit des cultures et élaboré des styles de vie qui composent autant de patrimoines singuliers d’une immense richesse humaine et naturelle, souligne Brigitte Marin dans l’introduction de l’ouvrage Les petites îles de Méditerranée occidentale [2021]. Il s’agit – par la collecte, la reconstitution et la restitution d’histoires vraies – d’interroger ces imaginaires, ces récits et ces mémoires afin de faire connaître et de préserver ces patrimoines singuliers.
En partenariat avec les différents programmes pluridisciplinaires conduits par l’Ecole française de Rome ainsi que l’ONG PIM et le Conservatoire du littoral de l’Antiquité à nos jours, le collectif de l’association Histoires Vraies de Méditerranée complètera ce travail de recherche et de documentation en explorant les figures de l’insularité, au travers de la parole et des histoires des gens ordinaires.