Histoire audio
Stanislao dit Silucio, 85 ans, Lacco Ameno
Transcription audio
C’est une histoire vraie qui date de l’époque où mon grand-père était jeune. Il s’appelait Nunzio Matera dit “U Marchesin’”, le Marchesino, c’est à dire le petit marquis. Il a hérité de ce titre car il était le contremaître des ouvriers agricoles. Je ne sais pas qui lui a attribué ce surnom. Peut-être que c’est son patron, Don Pietro, qui lui a donné.
Au temps du royaume d’Italie, Don Pietro était un grand propriétaire qui possédait la moitié des terres de Lacco Ameno, voire les trois-quarts. À l’époque, l’agriculture était l’activité principale était l’agriculture et elle était féconde. Les nombreux ouvriers étaient des journaliers, très peu payés mais qui ne lésinaient pas au travail. Il fallait vendanger, labourer, biner, tailler les vignes, ramasser le bois, semer et ensuite récolter tout ce qu’on pouvait tirer de la terre: pommes de terre, oignon, ail, petits pois, fèves… toutes sortes de légumes mais aussi toutes sortes de fruits. Tout était cultivé ici à Ischia. Rien ne venait de Naples, de la terre ferme.
Un jour, un navire de la Marine Royale jette l’ancre au large d’Ischia. Un commandant rejoint l’île en barque pour s’entretenir avec Don Carlo. Une fois la conversation achevée, Don Carlo avise l’émissaire: “Avant que vous ne mettiez les voiles, je vais vous faire apporter des fruits frais à bord par mes ouvriers et Il Marchesino, le petit marquis” L’officiel le remercie et à son retour sur le navire il demande à ses hommes de former un piquet d’honneur pour le Marquis qui doit venir. Il marchesino, arrive en barque, en ramant. Ils sont trois ou quatre ouvriers. L’équipage fait peine à voir: ils sont vêtus comme des paysans, avec des chemises rapiécés et des chiffons en guise de jambières. Ils portent deux corbeilles remplies de fruits: raisins, pêches, poires etc… Le commandant qui s’était empressé de mettre en place la garde d’honneur s’enquiert alors: “Mais où est donc Il marchesino, le petit marquis, il n’est donc toujours pas arrivé? Où est donc Il marchesino?” “Mais, il marchesino c’est moi” s’écrie mon grand-père sous le regard éberlué du commandant de la Marine Royale. La haie d’honneur fut aussitôt démantelée.
Il marchesino
Stanislao detto Silucio, 85 anni, Lacco Ameno
Questa è la storia verissima che si raccontava quando mio nonno era giovane, si chiamava Nunzio Matera, alla fine se diceva solò U Marchesin’. Marchesino era un titolo che li hanno messo perché lui comandava gli operai di un padrone. Era il capocantiere che li dirigeva. Chi c’é l’ha messo il nome non lo so, forse addirittura il padrone, Don Pietro.
Una volta al tempo del re, quando c’era Don Pietro questo grande proprietario, era il padrone di quasi mezzo Lacco Ameno o tre quarti… Qua c’era solò l’agricoltura che rendeva benissimo. Questi operai stavano fissi, erano tanti. Venivano pagati alla giornata, pochissimo pero lavoravano sempre la: Vendemmiare, zappare, potare le viti, raccogliere la legna, raccogliere la frutta, seminare e poi raccogliere tutto quello che si poteva ricavare dalla terra, dalle patate, cipolla, aglio, piselli, fave, verdure e tutti i tipi di verdure. E poi anche tanta frutta. Da Napoli non veniva niente, dalla terraferma. Si coltivava tutto qui.
Una volta allora venne una nave della Regia Marina. Si fermarono al largo e scesero a terra per parlare con un importante, e parlò con questo Don Carlo che aveva gli operai comandato dal marchesino e deci:”Senti adesso che ve ne andate dicco agli operai di portarvi un po di frutta fresca a bordo. Più tardi arriva il Marchesino con un po di frutta fresca” Ringraziarono e poi andarono via. Questo signore, era un ufficiale, andò a bordo e fece preparare il picchetto d’onore per il Marchesino che doveva arrivare.
Il marchesino arrivò con la barca a remi. Salirono a bordo quattro operai, vestito da operaio un po malandati in somma, da zappatori, tenevo una camicia sicuramente non era nuova anche strappata, cucite e i gambali. Portavano due ceste di frutta, uova, pesche… Allora il comandante che aveva messo il picchetto d’onore chiese: “Ma dove sta il marchesino? Ancora non c’è? Ma dove sta il marchesino?” ll mio nono rispose: “Ci sono io il marchesino”. Allora il picchetto d’onore fu subito smontato.
Le projet
Les habitants et habitantes du pourtour méditerranéen sont au cœur de l’action de l’association Histoires Vraies de Méditerranée (HVM), depuis sa création en 2015. Le sujet n’est pas la mer, ce sont les hommes sur les rochers qu’il faut entendre, écrit François Beaune en introduction de La lune dans le puits, son premier recueil d’histoires vraies publié aux éditions Verticales en 2013, révisé pour la version Folio en 2017. Qu’en est-il de celles et ceux qui vivent entourés par la mer, sur les îles de Méditerranée ?
Au cœur de la Méditerranée, les populations insulaires continuent, comme par le passé, de jouer un rôle central dans la connaissance et la compréhension de cet espace connecté : Leur vie extérieure, le rôle qu’elles jouent sur le devant de la scène de l’histoire, est d’une ampleur que l’on attendrait pas de mondes au fond si misérables. La grande histoire, en effet, aboutit souvent aux îles, écrit Fernand Braudel dans La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II [1949].
Dans la lignée des projets portés par l’ONG Initiative pour les petites îles de Méditerranée (PIM) adossée au Conservatoire du littoral, et en partenariat avec le réseau Petites îles de Méditerranée. Histoire et patrimoine de l’Eole française de Rome, l’association HVM se propose de collecter puis de restituer sous diverses formes les histoires vraies des habitants des petites îles de Méditerranée occidentale, acteurs de cette grande Histoire évoquée par Fernand Braudel.
Entre coupure et ouverture, les îles ont nourri bien des imaginaires ; leurs populations ont aussi modelé des paysages, produit des cultures et élaboré des styles de vie qui composent autant de patrimoines singuliers d’une immense richesse humaine et naturelle, souligne Brigitte Marin dans l’introduction de l’ouvrage Les petites îles de Méditerranée occidentale [2021]. Il s’agit – par la collecte, la reconstitution et la restitution d’histoires vraies – d’interroger ces imaginaires, ces récits et ces mémoires afin de faire connaître et de préserver ces patrimoines singuliers.
En partenariat avec les différents programmes pluridisciplinaires conduits par l’Ecole française de Rome ainsi que l’ONG PIM et le Conservatoire du littoral de l’Antiquité à nos jours, le collectif de l’association Histoires Vraies de Méditerranée complètera ce travail de recherche et de documentation en explorant les figures de l’insularité, au travers de la parole et des histoires des gens ordinaires.