ISCHIA / Les terrasses

21 mars 2025

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Histoire audio

Andrea, Serra Fontana, 66 ans

Transcription audio

Nous sommes à 600 mètres d’altitude, dans le vignoble Frassinelli, où je produis ce vin, qui figure parmi les vins D’Ambra les plus primés Il s’agit d’un paysage particulier qui se caractérise par une pierre de couleur verte. Il s’agit du tuf vert. A l’origine il était jaune mais il a perdu son oxydation et il est devenu vert. Avec ce tuf, on fabrique surtout ce qu’on appelle des paracine. Ce mot vien du grec para oikos, une expression qui signifie: près de la maison, ou ce qui soutient la maison. Dans ce cas précis, il s’agit de soutenir des vignes cultivées en terrasse. La viticulture “héroïque” d’Ischia se caractérise donc précisément par ces terrasses constituées de murs en pierres sèches. Des artisans ont encore le savoir-faire pour la construction de ses terrasses, et j’ai encore la chance d’en avoir sous la main car chaque année, il faut entretenir ces murs en pierres sèches. Il faut surtout trouver des pierres car lorsqu’un mur s’écroule, il faut d’autres pierres. Chaque mur sec peut supporter dix plantes. Cela permet d’éviter les glissements de terrain et l’écoulement anormal de l’eau. Les terrasses sont donc très importantes sur toutes les petites îles, car d’un point de hydraulique, c’est difficile d’y cultiver du vin.

Le projet

Les habitants et habitantes du pourtour méditerranéen sont au cœur de l’action de l’association Histoires Vraies de Méditerranée (HVM), depuis sa création en 2015. Le sujet n’est pas la mer, ce sont les hommes sur les rochers qu’il faut entendre, écrit François Beaune en introduction de La lune dans le puits, son premier recueil d’histoires vraies publié aux éditions Verticales en 2013, révisé pour la version Folio en 2017. Qu’en est-il de celles et ceux qui vivent entourés par la mer, sur les îles de Méditerranée ?

Au cœur de la Méditerranée, les populations insulaires continuent, comme par le passé, de jouer un rôle central dans la connaissance et la compréhension de cet espace connecté : Leur vie extérieure, le rôle qu’elles jouent sur le devant de la scène de l’histoire, est d’une ampleur que l’on attendrait pas de mondes au fond si misérables. La grande histoire, en effet, aboutit souvent aux îles, écrit Fernand Braudel dans La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II [1949].

Dans la lignée des projets portés par l’ONG Initiative pour les petites îles de Méditerranée (PIM) adossée au Conservatoire du littoral, et en partenariat avec le réseau Petites îles de Méditerranée. Histoire et patrimoine de l’Eole française de Rome, l’association HVM se propose de collecter puis de restituer sous diverses formes les histoires vraies des habitants des petites îles de Méditerranée occidentale, acteurs de cette grande Histoire évoquée par Fernand Braudel.

Entre coupure et ouverture, les îles ont nourri bien des imaginaires ; leurs populations ont aussi modelé des paysages, produit des cultures et élaboré des styles de vie qui composent autant de patrimoines singuliers d’une immense richesse humaine et naturelle, souligne Brigitte Marin dans l’introduction de l’ouvrage Les petites îles de Méditerranée occidentale [2021]. Il s’agit – par la collecte, la reconstitution et la restitution d’histoires vraies – d’interroger ces imaginaires, ces récits et ces mémoires afin de faire connaître et de préserver ces patrimoines singuliers.

En partenariat avec les différents programmes pluridisciplinaires conduits par l’Ecole française de Rome ainsi que l’ONG PIM et le Conservatoire du littoral de l’Antiquité à nos jours, le collectif de l’association Histoires Vraies de Méditerranée complètera ce travail de recherche et de documentation en explorant les figures de l’insularité, au travers de la parole et des histoires des gens ordinaires.