ISCHIA / L’île au trésor

21 mars 2025

Temps de lecture : 5 minutes

Histoire à lire

Domenico, 40 ans, Lacco Ameno

Un matin, je prends la route de Sant’Angelo pour ramasser les déchets sur la plage. Je suis un écolo, je fais attention à ne pas consommer de plastique et je profite toujours de ces opérations nettoyage pour récupérer des objets rapportés par la mer. Je trouve d’abord des bouées, quelques menus objets à recycler. Puis je décide de pousser un peu plus loin. À l’endroit précis où une plateforme qui était là depuis des années vient d’être démontée.

Un bout de sac en plastique émerge du sable. Je creuse un peu. Je découvre des sachets recouverts d’algues. À l’intérieur, des fragments de billets de banque. 10, 000 lires, 50, 000 lires, 100,000 lires, 500, 000 lires… Tout tremblant, je continue à creuser. Et je déterre deux sacs bourrés de jolis liasses de billets de 100 000 lires. Il y en a pour 100 000 millions de lires (soit plus de 50 000 euros). Un joli butin mais sans valeur. Depuis dix ans les lires italiennes sont des objets de collection. Impossible de les changer en euros. Qui donc a pu enfouir ces sacs de billets? Dans la région la contrebande de cigarettes était une véritable industrie, je me dis que j’ai sûrement déniché une planque oubliée. C’est une fausse piste. Au beau milieu des lires italiennes, je tombe sur des marks allemands. Les contrebandiers ne se faisaient pas payer en devise étrangère. Contrairement aux commerces locaux.

Ischia est très prisée par les Allemands. Ils viennent ici en cure thermale depuis des décennies. Même Angela Merkel a ses habitudes ici. Partout, dans les hôtels, les restaurants et les boutiques on parle allemand. Il fut un temps, c’était la seconde langue des habitants de l’île. Ce trésor doit donc avoir quelque chose à voir avec une activité touristique. Sur un bout de billet, une inscription attire mon attention. C’est une date, écrite au stylo. Novembre: 1997. Je mène l’enquête. Une dame âgée est décédée cette année-là. Elle tenait un restaurant à deux pas de la plage. Il semble qu’elle ne voulait pas mettre son argent à la banque. Ni sous son matelas, de peur d’être cambriolée. La pauvre femme est morte avant d’avoir eu le temps de déterrer le fruit de son labeur.

Si j’avais trouvé des liasses de billets d’euros ce jour-là, vous n’auriez peut-être jamais entendu parler du butin de la plage de Sant’Angelo L’occasion fait le larron. J’aurai sans doute gardé ce trésor et cette histoire pour moi.

L’isola del tesoro
Domenico, 40 anno, Lacco Ameno

Un mattino, vado a Sant’Angelo per pulire la spiaggia. Perché ci tengo all’ecosostenibilità, ci tengo a non consumare plastica e a salvare la mia isola da qualsiasi cosa. Trovo delle boe e trovai un po di cose perché il mare porta sempre tante cose brutte, ma anche tante cose buone che si possono riciclare. E vado più lontano. Esattamente dove da anni c’era una piattaforma che è stata appena smantellata.

Noto bustine di plastica che fuoriuscivano dalla sabbia. Scavo un po’. Scopro sacchetti sporchi di alghe. Dentro ci sono piccoli frammenti di banconote. 10.000 lire, 50.000 lire, 100.000 lire…. Tremando, continuo a scavare. E vedo due buste piene di mazzette di banconote da 100.000 lire. Tutto questo tesoro è un ammontare di circa 100 milioni di lire. Sono 100.000 milioni di lire (oltre 50.000 euro) Un bello bottino però irrecuperabili e che non vale più. Perché comunque, pure se questi soldi fossero stati interi, non si sarebbero potuti cambiare in euros a causa della scadenza dei termini che poi il governo ha dato dieci anni fa. Ma chi ha messo questi soldi lì? All’inizio pensai contrabbandiere di cigarette. Era una vera e propria industria nella regione. Penso quindi di aver trovato un nascondiglio dimenticato. Ma mi sbaglio. In mezzo alle lire italiane, vedo marchi tedeschi. Per logica, i contrabbandieri non se fanno pagare con la moneta straniera, al contrario di qualche attività legata al turismo.

A Ischia, i tedeschi vengono a trovarci ogni anno per le acque termali dalla seconda guerra mondiale. Pure la Merkel veniva qua. Negli alberghi, nei ristoranti e nei negozi: prima parlavamo molto bene il tedesco. Era la nostra seconda lingua. Quindi questo tesoro deve avere a che fare con il turismo.Sopra una bancanotte, c’è una data scritta a penna: Novembre 1997. E poi evidentemente ho fatto delle ricerche. In quel periodo è morta una donna anziana. Gestiva un ristorante vicino alla spiaggia. Cuesta donna anziana non si fidava tanto delle banche e aveva paura di essere rapinata a casa. Quindi aveva deciso di insabbiare i soldi. La povera donna è morta prima di dissotterrare il proprio tesoro.

Se fossero stati banconote di euros, forse non avreste mai sentito parlare del bottino della spiaggia di Sant’Angelo. Non posso dire con certezza che le avrei restituì. Forse avrei conservato questo tesoro e questa storia per me.

Le projet

Les habitants et habitantes du pourtour méditerranéen sont au cœur de l’action de l’association Histoires Vraies de Méditerranée (HVM), depuis sa création en 2015. Le sujet n’est pas la mer, ce sont les hommes sur les rochers qu’il faut entendre, écrit François Beaune en introduction de La lune dans le puits, son premier recueil d’histoires vraies publié aux éditions Verticales en 2013, révisé pour la version Folio en 2017. Qu’en est-il de celles et ceux qui vivent entourés par la mer, sur les îles de Méditerranée ?

Au cœur de la Méditerranée, les populations insulaires continuent, comme par le passé, de jouer un rôle central dans la connaissance et la compréhension de cet espace connecté : Leur vie extérieure, le rôle qu’elles jouent sur le devant de la scène de l’histoire, est d’une ampleur que l’on attendrait pas de mondes au fond si misérables. La grande histoire, en effet, aboutit souvent aux îles, écrit Fernand Braudel dans La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II [1949].

Dans la lignée des projets portés par l’ONG Initiative pour les petites îles de Méditerranée (PIM) adossée au Conservatoire du littoral, et en partenariat avec le réseau Petites îles de Méditerranée. Histoire et patrimoine de l’Eole française de Rome, l’association HVM se propose de collecter puis de restituer sous diverses formes les histoires vraies des habitants des petites îles de Méditerranée occidentale, acteurs de cette grande Histoire évoquée par Fernand Braudel.

Entre coupure et ouverture, les îles ont nourri bien des imaginaires ; leurs populations ont aussi modelé des paysages, produit des cultures et élaboré des styles de vie qui composent autant de patrimoines singuliers d’une immense richesse humaine et naturelle, souligne Brigitte Marin dans l’introduction de l’ouvrage Les petites îles de Méditerranée occidentale [2021]. Il s’agit – par la collecte, la reconstitution et la restitution d’histoires vraies – d’interroger ces imaginaires, ces récits et ces mémoires afin de faire connaître et de préserver ces patrimoines singuliers.

En partenariat avec les différents programmes pluridisciplinaires conduits par l’Ecole française de Rome ainsi que l’ONG PIM et le Conservatoire du littoral de l’Antiquité à nos jours, le collectif de l’association Histoires Vraies de Méditerranée complètera ce travail de recherche et de documentation en explorant les figures de l’insularité, au travers de la parole et des histoires des gens ordinaires.