ISCHIA / Michele le sauveteur

21 mars 2025

Temps de lecture : 4 minutes

Histoire à lire

Lucia, Lacco Ameno, 45 ans

Michele, mon mari, est chauffeur pour l’hôtel La Reine Isabelle. Il accueille les clients au port d’Ischia pour les conduire à Lacco Ameno.

Un soir, la vedette rapide en provenance de Naples s’approche du quai. La mer est un peu agitée. Une petite fille qui se trouve sur la passerelle perd l’équilibre. Elle tombe à l’eau. Michele mon mari attend les clients dans le minibus mais il voit cette chute de loin. Le port est bondé. Des cris fusent: “un homme à la mer, un homme à la mer” mais personne ne bouge. Michele n’hésite pas une seconde: il court et il saute dans l’eau tout habillé. Il ne voit pas la petite fille: il fait nuit noire. Le moteur de la vedette est toujours allumé et la pression des hélices les entrainent tous les deux vers le fond. Il cherche sous la vedette. Soudain, il sent qu’on l’agrippe par le cou. L’enfant s’accroche à lui pour être sauvée. Il remonte la gamine à la surface. Une fois sur le quai, elle ne veut plus se détacher de lui parce qu’elle cherche sa mère. Elle ne l’avait même pas vue tombée à l’eau. Tout le port, les touristes, les passagers de la vedette, acclament alors Michele.

Mon mari rentre à la maison, tout trempé et me raconte cette histoire. Je réagis: ”Mais c’est dangereux, tu as des enfants, il aurait pu t’arriver quelque chose, tu aurais pu être réduit en miettes par les hélices!” “C’est justement parce que j’ai des enfants que je n’ai pas réfléchi un instant” me répond Michele. A partir du moment où il met un pied chez nous, notre maison est prise d’assaut par tout un tas de gens. Je ne comprends plus rien. La nouvelle s’est répandue vite. A partir de ce moment là, sa vie a changé, les journalistes, les télévisions arrivent alors qu’il n’avait rien demandé car c’est une personne très réservée. Tout le monde lui rend hommage. Son patron, le propriétaire de l’hôtel offre même un téléphone. Il a perdu le sien mais aussi tous ses papiers en se jettant à l’eau. Je crois même qu’il a reçu un peu d’argent. Voilà l’histoire de Michele le sauveteur.

Michele il Salvatore
Lucia, Lacco Ameno, 45 anni

Mio marito Michele fa l’autista nel albergo della Regina Isabella. Lui accoglie i clienti andandoli a prendere al porto di Ischia e li porta a Lacco Ameno.

Una serata, mentre arrivava l’aliscafo, vide che la passerella era ancora in movimento Una bambina sulla passerella cade in acqua. Il mare era leggermente muscio. Michele che stava aspettando i clienti che arrivassero vide da lontano, questa cosa e si lanciò. Stato l’unico, il porto era pieno di gente, tutte le persone che stavano lì, sulla banchina del porto, urlavano “uomo in mare, uomo in mare”. Ma nessuno si buttò e lui scese dal pulmino. non esitò un istante a buttarsi a mare vestito. Era notte. Lui, la bambina non la vedeva. Il motore del motoscafo era ancora acceso e la pressione delle eliche li trascinava a fondo. Andò sotto al aliscafo per cercare di prenderla. Poi la bambina si aggrappò al collo di mio marito per essere salvata. Michele portò questa bambina sopra, sempre aggrappata. Michele non riusciva a togliersi dal collo suo perché non vedeva neanche la mamma. In tutto questo la mamma non si era accorta di niente che la figlia stava in acqua. E tutto il porto, tutti i clienti del aliscafo, tutti le persone che erano arrivati per soggiornare a Ischia, cominciarono ad applaudire Michele. A fargli festa per questo salvataggio di questa bambina.

Vidi mio Michele, mio marito , arrivare a casa come un pulcino tutto bagnato.
“Ma non hai pensato ai bambini che ti poteva succedere qualcosa perché poteva essere travolto dalle eliche!” E lui disse : “Io, proprio perché ho bambini ho pensato di buttarmi.” Dal momento in cui mise i piedi in casa, la casa mia si invase di gente. Non capivo niente, si capovolse in un istante tutta la vita di Michele, perché questa notizia fece, fece tanto rumore. Cominciarono a casa a venire giornalisti, televisione, cose che lui non amava e non voleva perché è un tipo molto riservato. Però è successo, gli hanno fatto delle lodi. Ha avuto dal proprietario dell’albergo, il suo padrone, un nuovo telefono. Perché Micheleui appena comprato un telefono e come la patente tutti i documenti aveva perso tutto. E anche mi sembra che gli regalò anche qualche qualcosina di soldi. E questa è la storia di Michele il Salvatore.

Le projet

Les habitants et habitantes du pourtour méditerranéen sont au cœur de l’action de l’association Histoires Vraies de Méditerranée (HVM), depuis sa création en 2015. Le sujet n’est pas la mer, ce sont les hommes sur les rochers qu’il faut entendre, écrit François Beaune en introduction de La lune dans le puits, son premier recueil d’histoires vraies publié aux éditions Verticales en 2013, révisé pour la version Folio en 2017. Qu’en est-il de celles et ceux qui vivent entourés par la mer, sur les îles de Méditerranée ?

Au cœur de la Méditerranée, les populations insulaires continuent, comme par le passé, de jouer un rôle central dans la connaissance et la compréhension de cet espace connecté : Leur vie extérieure, le rôle qu’elles jouent sur le devant de la scène de l’histoire, est d’une ampleur que l’on attendrait pas de mondes au fond si misérables. La grande histoire, en effet, aboutit souvent aux îles, écrit Fernand Braudel dans La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II [1949].

Dans la lignée des projets portés par l’ONG Initiative pour les petites îles de Méditerranée (PIM) adossée au Conservatoire du littoral, et en partenariat avec le réseau Petites îles de Méditerranée. Histoire et patrimoine de l’Eole française de Rome, l’association HVM se propose de collecter puis de restituer sous diverses formes les histoires vraies des habitants des petites îles de Méditerranée occidentale, acteurs de cette grande Histoire évoquée par Fernand Braudel.

Entre coupure et ouverture, les îles ont nourri bien des imaginaires ; leurs populations ont aussi modelé des paysages, produit des cultures et élaboré des styles de vie qui composent autant de patrimoines singuliers d’une immense richesse humaine et naturelle, souligne Brigitte Marin dans l’introduction de l’ouvrage Les petites îles de Méditerranée occidentale [2021]. Il s’agit – par la collecte, la reconstitution et la restitution d’histoires vraies – d’interroger ces imaginaires, ces récits et ces mémoires afin de faire connaître et de préserver ces patrimoines singuliers.

En partenariat avec les différents programmes pluridisciplinaires conduits par l’Ecole française de Rome ainsi que l’ONG PIM et le Conservatoire du littoral de l’Antiquité à nos jours, le collectif de l’association Histoires Vraies de Méditerranée complètera ce travail de recherche et de documentation en explorant les figures de l’insularité, au travers de la parole et des histoires des gens ordinaires.