Histoire de comment je suis devenu moi, Louis

17 mars 2025

Temps de lecture : 3 minutes

Comment les habitant.e.s de Méditerranée se racontent sur les réseaux sociaux ? Comment nos vies sous algorithmes élaborent un récit virtuel et collectif ? Dans le cadre de l’édition 2024 de la Nuit des idées organisée par l’Institut Français d’Égypte, Histoires Vraies de Méditerranée a collecté des “Histoires vraies instantanées” en arabe et en français. Cette collecte a donné lieu à des restitutions sur scène au Caire et à Alexandrie les 22 et 23 février 2024.

Remerciements : Institut Français d’Égypte – L’équipe pédagogique et les lycéens du Lycée Français du Caire.
Collecte et montage audio : Marine Vlahovic. Traduction : Rim Wegdan

 

L’histoire

Louis, 17 ans, Le Caire, février 2024

 

Je veux vous raconter l’histoire de comment j’ai pris confiance en moi grâce aux réseaux sociaux. Depuis très longtemps, je manquais de confiance en moi. Au début du collège, je me suis mis aux réseaux sociaux, puisque tout le monde y allait. Je suis un très grand fan de mode et j’ai commencé à poster mes tenues mais aussi tout ce que je pensais. À ce moment là, je me suis rendu compte que je recevais beaucoup d’amour, que ce soit de mes amis ou de personnes que je connaissais pas. Au fil des années, j’ai continué à poster. Je le fais encore aujourd’hui. Principalement sur Instagram, parce que c’est vraiment une plateforme où on peut montrer énormément de choses, plus que sur d’autres réseaux sociaux comme Snapchat par exemple.

Tous les jours, je poste des stories pour dénoncer ce qui se passe, pour exprimer mes idées ou pour montrer aux gens ce qui se passe dans ma vie en ce moment. Je vois leurs commentaires, ils me posent des questions: “C’était bien?” Comment ça s’est passé?” Je suis actuellement à 740 abonnés. Ce sont principalement des amis en France, en Egypte. Mais il y a aussi des gens que je ne connais pas mais qui commentent et qui like mes postes.J ‘aimerais bien devenir journaliste de mode et donc je poste pendant les fashion week ou les défilés. Je montre ma passion et j’en discute avec d’autres. C’est quelque chose que je ne peux pas forcément faire avec mes amis parce qu’ils n’aiment pas tous la mode. J’ai trouvé une communauté qui me permet de développer mon intérêt mais aussi qui je suis personnellement.

Dans certaines stories je parle de mes amis, de mes voyages. J’adore voyager et les réseaux sociaux m’aident vraiment à partager cette passion. L’année dernière je suis allé au Pérou avec le lycée et c’était juste génial de montrer aux autres ce qu’on a fait là-bas, ce qu’on a vu. Je trouve ça triste de garder ce qu’on fait pour nous. J’aime beaucoup faire des photos, J’essaye de faire en sorte que mes photos soient esthétiques. Parce que je sais que ça plait aux gens quand on poste des belles choses. Je romantise un peu ma vie.

Ça peut paraître étrange de s’exposer ainsi. Moi, j’y ai trouvé une sorte de confort. C’est un peu comme un journal intime où l’on peut dire ce qu’on pense, mais aussi dénoncer des choses qu’on ne pourrait pas forcément dire tout haut. Poster pour moi, c’est vraiment un moyen de dire aux personnes qui je suis et s’ils ne sont pas contents, et bien tant pis pour eux… Je suis comme je suis. Certes, on ne peut pas plaire à tout le monde, j’ai reçu beaucoup de critiques par exemple au lycée. Certains me jugent trop “gay” d’après eux ou trop “efféminé.” Honnêtement, je pense qu’ils sont jaloux de moi. Jaloux de quoi? De la confiance que j’ai en moi. Et qu’ils n’auront jamais.

Photo Freepik