Une histoire collectée le 16mars 2018 à Ongles
Transcription de l’histoire audio
“ Je vais rencontrer un petit peu pourquoi on est là. Pourquoi on est dans le pays. La première fois qu’on est arrivés c’était en 1973, donc il y a quand même quelques années. Mon épouse travaillait dans un bureau à Marseille parce qu’on habitait Marseille, on est Marseillais, on habitait la ville. On voulait faire un week-end de fin d’année, de réveillon et mon épouse a posé la question à une collègue en lui disant : « Je sais pas où aller ».
Les parents de cette personne habitaient Mane, donc elle l’a conseillée : « Écoute si tu veux passer un bon week-end ou voir du pays, je te signale qu’il y a des jolis coins dans le pays de Forcalquier ». On est donc venus à Forcalquier, on a pris le car parce qu’il partait de Marseille et allait à Forcalquier c’était très intéressant. On est allés à l’hôtel des Quatre Reines qui n’existe plus à Forcalquier, c’était en descendant le boulevard Bouche. On a passé 3-4 jours merveilleux, puisque premièrement il faisait très beau : on s’est baladé dans la nature, on a fait des parcours à pied, on est allés jusqu’à Saint-Michel-l’Observatoire en prenant des sentiers. On a découvert la nature, c’était merveilleux pour nous. On n’avait jamais vu de si belles choses : le soleil, la nature, le thym, ça sentait bon, et puis on a été vraiment séduits par la qualité du paysage et des gens. Je me rappelle à Saint-Michel des gens, ils parlaient provençal, on s’était arrêtés au café en faisant une pause pour attendre le car qui retournait à Forcalquier. Voilà, on s’est retrouvés dans le bain, d’une atmosphère prestigieuse, pour nous venant de la ville c’était agréable.
Donc ça s’est passé comme ça, on est retournés et puis on a dit : « Ben ce qu’on va faire, c’est qu’on va revenir ». Donc on avait acheté une vieille 2 CV avec les anciennes portes. On avait notre enfant, notre premier enfant [Sa femme lui chuchote : « On en a qu’un… »], notre seul enfant [Rires dans la salle]. Il n’y en a pas d’autres ! On est venus en 2 CV et on a campé à Fontienne, on avait demandé à quelqu’un si on pouvait s’installer là où il y avait une source à côté. On a passé encore des moments merveilleux, c’était au mois de mai. Et puis on s’est dit, puisqu’on avait un petit peu d’économies car on a travaillé tous les deux : « Bon ça serait pas trop mal si on trouvait une petite maison, quelque chose pour pouvoir venir passer des vacances. »
On a visité plusieurs choses qui nous plaisaient mais c’était pas dans nos moyens. Il y avait de belles choses, je me rappelle vers Dauphin il y avait une maison avec une bergerie voutée en pierre, c’était magnifique ! Le gars avait restauré un petit peu en haut, mais on n’avait pas les moyens. Donc on est arrivés là, à Ongles, au rocher d’Ongles dans un semblant de maison je dois dire. Elle avait que quatre murs [Sa femme : « Trois murs ! »], trois murs et un demi-toit. Par contre il y avait un joli terrain, ce qui nous convenait et donc on était un peu irréfléchis étant donné le nombre de travail qu’il y avait à faire ! Mais on s’est dit : « Oui, on y va ! ».

Le rocher d’Ongles. Crédit.
Il faut dire que le pays est vraiment extraordinaire, on est installés ici depuis 1976. On venait pour les vacances scolaires ou les week-ends et puis on n’a jamais voulu mettre la télévision chez nous. On vit sans la télévision, on écoute la radio, on écoute les disques, on lit – on a beaucoup de livres, et on balade. On peut faire chaque fois le même parcours en balade autour de nous et chaque fois on trouve du plaisir à découvrir des choses. Une fois il y a le berger avec ses moutons, une fois il y a des floraisons, une fois il y a les arbres qui bourgeonnent et il y a les couleurs d’automne. Il y a vraiment des choses à capter qui sont importantes pour ressentir les choses. Au fur et à mesure, on a bâti la maison, on a agrandi un peu parce que c’était un peu réduit : on a fait des pièces supplémentaires. On a vécu comme ça et depuis 2001 on vit carrément ici, on a laissé tomber la ville. ”
Patrick