Histoires vraies du Haut-Jura

Une vache au plafond, par Jean-Louis

27 décembre 2020

Temps de lecture : 3 minutes

Une histoire collectée en décembre 2020 aux Moussières.

 

Transcription de l’histoire audio

Alors moi c’est Jean-Louis. Je suis paysan aux Moussières et j’ai une petite anecdote qui m’est arrivée en 2006 sur la commune des Bouchoux. Avec le Pof (le surnom d’un des protagonistes de l’histoire [ndlr]), on était dans la pâture avec les génisses et tout à coup le voisin, qui s’appelait le Tatane, un personnage assez haut en couleurs, arrive tout affolé en courant. Il est tout ébouriffé, tout essoufflé et arrive vers nous en disant : « Ah ! Vous tombez bien ! Là j’ai vraiment un gros problème ! »

On retourne en courant comme le Tatane pouvait dans son écurie. Et là, en rentrant, stupéfaction ! On voit deux jambes arrières d’une vache qui dépassent du plafond, comme si on avait accroché deux cuissots de vache au plafond. Avec le Pof, on était un peu interloqués en se demandant ce qu’il avait foutu. En plus, c’était une écurie côté nord, avec juste une petite ampoule donc c’était assez surréaliste, ça faisait assez glauque avec ces deux pattes arrière de vache. On s’approche dessous assez doucement et on se rend compte que la vache marchait sur le plancher au-dessus et que des planches ont cassé et ses deux pattes ont traversé. Elle était posée sur les poutres au milieu. Là, le Tatane nous dit : « On ne peut pas la laisser comme ça ! ».

On se demandait vraiment comment on pouvait faire et le Pof, jamais effrayé, essayait de prendre les sabots pour la remonter en bras tendus. Je lui ai dit : « Arrête tes conneries parce que si elle bouge tu te prends un coup de sabot dans la tête ». Et puis bon, elle a déjà traversé deux planches donc je n’étais pas sûr que les poutres soient solides aussi. Si elles nous tombent dessus, on se prend quand même 600 kg. Donc on est allés voir dans la grange au-dessus voir à quoi ça ressemble.

Donc, on ressort de l’écurie, on monte dans la grange et on se dit que le plancher n’est pas très solide, donc on y est allés doucement. On s’approche de la vache, elle était passablement énervée, elle bougeait pas mal. On se disait que si tout s’effondrait on se cassait la gueule en bas dans l’écurie avec la vache. Nous voilà les deux à ramper de chaque côté de la vache, on dit au Tatane de ne pas s’approcher parce qu’avec son poids on sait jamais. On attache une corde autour du cou de la vache, le Tatane était prêt à tirer à l’entrée de la grange.

Nous avec le Pof, on rampe, on va de chaque côté de la vache, on se met derrière, on passe les mains à travers le trou pour lui choper les cuisses le plus bas possible. Et puis quand on était prêts, on a dit : « Allez ! 1, 2, 3, on y va ! ». Ça s’est bien passé, on a réussi à lever de chaque côté l’arrière de la vache et le Tatane, qui avait une grosse force, à réussi à la basculer vers l’avant pour la sortir. La vache est retournée dehors, bien émue je pense, et nous aussi. 

Jean-Louis